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Reportage international

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    Cisjordanie: double peine pour les femmes du camp Nour Shams, déplacées de force depuis des mois

    20/12/2025

    Depuis le mois de février, près de 32 000 Palestiniens des camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Nour Shams, au nord de la Cisjordanie occupée, ont été déplacés de force par l'armée israélienne. Un exil imposé qui bouleverse les gestes les plus simples du quotidien. Pour les femmes, cette violence prend souvent la forme d’une double peine. Perdre un toit, c’est perdre aussi l’intimité, les repères, l’espace du soin et du quotidien. Surtout dans la société traditionnelle palestinienne.  Raghad Lafi a 25 ans. Elle est mère de trois enfants et vit avec son mari et quinze autres personnes de sa famille élargie dans un appartement de Tulkarem. Sa maison, dans le camp de réfugiés, a été démolie en juin dernier par l’armée israélienne. Depuis, sa vie a changé du tout au tout. « Ici, il n’y a pas d’intimité. Pas de repos. On ne se sent pas bien entourée non plus. La maison, c’est tout pour un être humain. Là, on doit payer un loyer cher… et les écoles sont loin pour les enfants… Et je ne sors pas. Je reste dans cet appartement depuis, et je reste enfermée vingt-quatre heures sur vingt-quatre », raconte-t-elle. Ce sont des femmes comme Raghad que Nehaya al Jundi essaie d’aider au quotidien. Elle est la responsable du comité populaire pour les services du camp de réfugiés de Nour Shams. Elle aussi, à 54 ans, a été déplacée de force. Elle n’a pas vu sa maison depuis environ dix mois et le précise : pour les femmes, ces évictions sont une double peine. « Aujourd’hui, la femme palestinienne traverse la période la plus difficile de sa vie. Elle souffre d’une crise immense, parce qu’elle est le pilier du foyer », explique-t-elle.   « J’en suis arrivée au point où, par manque d’intimité, j’ai peur de me laver » Car dans la société traditionnelle palestinienne, la femme est celle qui assure que le foyer est un lieu où l’on se sent bien. Celle qui assure l’éducation, la nourriture. Tout repose sur elle. Nehaya al Jundi ajoute :  « Aujourd’hui, les femmes se retrouvent dans des logements très simples, impropres à l’habitation. Certaines vivent dans des maisons sans fenêtres, où l’on a simplement tendu une bâche. D’autres louent des maisons très anciennes, abandonnées dans les villages par leurs propriétaires, qui ont construit des maisons neuves ailleurs. Les familles ont été contraintes de louer ces logements, juste pour se cacher, pour se couvrir. Aujourd’hui, des femmes viennent, elles me disent sans cesse : "J’ai l’impression d’être à la rue." Et moi aussi, je le dis : "J’ai l’impression d’être à la rue, même quand je suis dans ma maison". J’étais quelqu’un avant qui, été comme hiver, prenait une douche tous les matins. Aujourd’hui, je ne peux même plus. J’en suis arrivée au point où, par manque d’intimité, j’ai peur de me laver. Imagine jusqu’où on en est arrivés. » Le plus grand déplacement forcé de Palestiniens de Cisjordanie depuis 1967 C’est ça la souffrance de chaque femme palestinienne déplacée, dit-elle. Celles de Nour Shams, où elle vivait, mais celles du camp de réfugiés de Tulkarem, de Jénine. Ces camps vidés de leurs habitants en février par l’armée israélienne. Le plus grand déplacement forcé de Palestiniens de Cisjordanie depuis 1967. « Je fais partie de ces femmes qui souffrent rien qu’à cause du mot déplacement. Je le déteste. Je le déteste profondément et je n’aime pas que quelqu’un le répète, ou dise que je suis une déplacée. Mais on est obligés de l’utiliser avec les médias pour qu’ils comprennent ce que signifie le déplacement. Mais celui qui ne l’a pas vécu, pas expérimenté, ne pourra jamais nous comprendre », affirme-t-elle. « Beaucoup veulent avant tout aider les autres », précise Nehaya. « Parfois, dit-elle, en s’oubliant soi-même. » À lire aussiEn Cisjordanie, les Palestiniens de Nour Shams face aux démolitions annoncées par l'armée israélienne

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    La guerre des pâtes: les Italiens face à la menace de droits de douanes américains

    19/12/2025

    C’est une enquête du département américain du Commerce sur la concurrence déloyale qui aurait poussé l’administration Trump à frapper dur sur la pasta, une icône de l’art de vie des Italiens qui se raconte même en chansons. Des producteurs de grandes marques comme Barilla ou Garofalo auraient vendu leurs produits à un prix inférieur à celui du marché national. Les droits de douane sur les pâtes pourraient donc augmenter de 91,74% à partir de 2026, en plus des 15% déjà appliqués. Or les États-Unis sont le deuxième pays d’importation derrière l’Allemagne. Pour l’Italie, cela représente 281 000 tonnes de pâtes destinées aux USA et un chiffre d’affaires de 671 millions d’euros en 2024. À Rome, on oscille entre espoir et colère. De notre correspondante à Rome, Député du Parti démocrate, Andrea Rossi n’affiche pas le même optimisme. Il s’inquiète beaucoup pour sa région, l'Émilie-Romagne. Un temple historique de la filière des pâtes. À titre d’exemple, le groupe Barilla, qui destine un quart de ses produits au pays de l’Oncle Sam, est implanté à Parme depuis 1877. « Actuellement, l'Émilie-Romagne exporte la valeur d’un milliard d’euros de produits agroalimentaires aux États-Unis, soit 10% de ses exportations vers ce pays. Une augmentation de plus de 90% des droits de douane sur les pâtes serait évidemment délétère pour la filière dans notre région. Mais à ce jour, l’Italie n’a pas eu la capacité diplomatique nécessaire pour négocier cette taxe supplémentaire avec l’administration Trump. » La surtaxe ferait passer le prix de 500g de pâtes, exportées par un fabricant italien aux États-Unis, de 4 à 10 euros, environ. En Italie, 500g de rigatoni ou de spaghetti de bonne qualité sont vendus, en moyenne, à 1,60 euro. Mais nos cousins transalpins ne sont pas à l’abri d’une hausse sensible. Explications de Gabriele Melluso, président de l’association de protection des consommateurs Assoutenti. « Si les producteurs de pâtes ne parvenaient pas à compenser la majoration des droits de douane avec les exportations en dehors des États-Unis, cela provoquerait une flambée des prix dans nos rayons. On pourrait parler de crime ! ». Un différend qui doit être résolu La pimpante retraitée Alessandra Cardelli lui fait écho : pas question de toucher à un aliment aussi sacré ! « Pour les Italiens, une augmentation du prix de la pasta est inconcevable ! C’est la base de notre alimentation. Tout le monde, riche ou pauvre, mange des pâtes. Ce problème entre l’Italie et les États-Unis doit être résolu . » Filippo Schiavone est producteur de blé dur – la matière première des pâtes italiennes, mais aussi dirigeant de Confagricoltura, la principale organisation représentant les agriculteurs en Italie. Il considère que le gouvernement Meloni a tous les atouts pour obtenir un allègement des droits de douane : « Le blé dur est la première culture en Italie, plus de 1,3 million d'hectares. C’est peu ou prou comme Fiat à Turin dans ses belles années. Toutefois le secteur des pâtes traverse une crise, principalement à cause des changements climatiques. Mais nous avons totalement confiance dans notre gouvernement et espérons donc que les négociations au niveau international sur la surtaxe de pâtes donneront des résultats. »  Alors, attendons de voir si Donald Trump sera, pour une fois, une bonne pâte. À lire aussiL'Europe toujours aussi divisée face à l'accord commercial avec le Mercosur

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    Allemagne: les marchés de Noël plus chers et plus sécurisés

    19/12/2025

    Les marchés de Noël sont omniprésents en Allemagne et constituent une tradition centrale de la période de l'Avent, durant le mois qui précède les fêtes. L'attentat à la voiture bélier l'an dernier à Magdebourg a, entre autres, rendu nécessaires des mesures de sécurité supplémentaires. D'autres coûts pèsent sur les organisateurs et les visiteurs se plaignent de la hausse des prix sur les marchés. À lire aussiL’Allemagne annonce avoir déjoué un projet d’attentat visant un marché de Noël

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    «C’est vraiment trop difficile de vivre ici»: des villages afghans victimes de la sécheresse endémique

    18/12/2025

    En Afghanistan, le changement climatique est désormais la première cause de déplacement interne. Le pays compte plus de 500 000 déplacés liés aux crues et à la sécheresse, et près de dix millions de personnes sont impactées par le réchauffement climatique, ce qui aggrave la crise humanitaire, déjà très profonde. Les causes sont à la fois des catastrophes ponctuelles, mais aussi l’effet à long terme de la sécheresse. Lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir en 2021, les talibans ont relancé l’ambitieux chantier du canal de Qosh Tepa, destiné à irriguer les provinces du nord. Mais certains villages, comme celui de Bulaku dans la province de Balkh, en sont exclus. De notre envoyée spéciale à Bulaku,  Les petites maisons de terre se dressent au loin et se confondent avec la terre ocre et aride. Quelques ânes demeurent çà et là, épars. Afin d’abreuver leurs animaux, les villageois ont creusé des réservoirs dans la roche. Un petit groupe d’hommes s’est rassemblé autour. Les femmes se chargent de récupérer l’eau quand il y en a. Le système fonctionne comme un puits. Muhammad, l’un des paysans du village, producteur de blé, commente les difficultés auxquelles il doit faire face : « Depuis 10-15 ans, le climat change et la situation ne fait qu’empirer. Ces dernières années, la sécheresse ne fait que s’aggraver, et nous n’avons pas d’eau. Disons que nous avons de l’eau la moitié de l’année, au maximum. Le reste de l’année, nous n’en avons pas. Ça devient très difficile de s’approvisionner en eau, il faut aller la chercher très loin, et les routes sont vétustes. Elles sont poussiéreuses et cahoteuses, donc rapporter de l’eau n’est pas aisé. » Pour les habitants de Bulaku, récupérer de l’eau implique de marcher plusieurs heures sous le soleil harassant. La mission dure toute une journée. Le manque d’eau affecte aussi les récoltes et entraîne appauvrissement et insécurité alimentaire : « Comme l’eau, nos récoltes nous permettent de survivre six mois. Les six mois de l’année restants, nous sommes obligés de quitter le village, d’aller dans les villes, d’essayer de trouver un autre travail, au moins pour pouvoir manger jusqu’à l’année suivante, déplore Muhammad. Nous sommes autosuffisants pour six mois, ensuite il faut trouver une autre manière de se nourrir. » À lire aussiL’Afghanistan en proie à une sécheresse sans précédent À la recherche d'eau et de meilleures cultures En conséquence, nombreux sont les habitants à avoir tenté leur chance ailleurs. « Beaucoup de gens sont partis à la recherche d’eau et de meilleures cultures. Ils se sont installés dans d’autres localités, voire dans d’autres pays. Environ 150 familles sont parties d’ici, constate Muhammad. Chaque famille compte entre cinq et sept personnes. La majorité des personnes sont parties parce que c’est impossible, c’est vraiment trop difficile de vivre ici. Dans le village, on voit que les maisons sont partiellement détruites parce que plus personne ne vit ici. Abdul s’est installé dans un autre village, Sitchtemal : « J’ai tout essayé pour nourrir ma famille : j’ai travaillé dans les champs, comme ouvrier sur des chantiers. J’ai fait tout ce que je pouvais, mais l’expérience s’est mal terminée. Nous n’avions pas d’endroit pour vivre, donc nous sommes revenus ici, il y a deux ans. Mais nous souffrons toujours. Il ne pleut jamais. J’essaie de trouver des boulots journaliers. » Pour survivre financièrement, Abdul a fini par marier l’une de ses filles. Elle avait huit ans. À lire aussiAfghanistan: faits marquants de quatre années de régime taliban

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    Ukraine: à Odessa, le limogeage brutal du maire suscite de vives critiques

    17/12/2025

    Depuis le début de la guerre, rares sont les décisions du président ukrainien à pouvoir être contestées dans le pays. En octobre dernier, grâce aux pouvoirs que lui confère la loi martiale, Volodymyr Zelensky a limogé Gennadi Troukhanov, le maire d'Odessa. Accusé d’avoir la nationalité de l'ennemi après la publication de la photo d’un passeport russe à son nom, il a été déchu de la nationalité ukrainienne. Le maire nie en bloc. Sur place, son renvoi a ému une grande partie de la population et scandalisé la classe politique locale. Théo Renaudon a recueilli leur sentiment ainsi que la réaction de Gennadi Troukhanov.  ► Un reportage à retrouver en version longue sur la page Accents d'Europe. À lire aussiCorruption en Ukraine: des perquisitions visent Andriy Iermak, le puissant bras droit du président Zelensky

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Chaque jour, l’illustration vivante et concrète d’un sujet d’actualité. Ambiance, documents, témoignages, récits en situation : les reporters de RFI présents sur le terrain décrivent le monde avec leur micro. 
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