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  • Adjiwanou Howandé, une créatrice de mode pour les femmes libres
    Adjiwanou Howandé est une styliste-modéliste togolaise, basée à Abidjan. Cette diplômée de l’École des Arts et de la Mode à travers sa marque Howandé Création redéfinit l’élégance féminine. Elle conçoit des pièces élégantes et soignées qui célèbrent la force et la détermination des femmes contemporaines. Sa mode exprime l’élégance, la liberté, la sensualité, avec un message fort : encourager les femmes à s’affirmer, à connaître leur propre style et à vivre selon leurs principes.   Nous l’avons rencontrée lors du Yas FIMO228 à Lomé.  C'est magnifique parce que quand j’arrive à créer quelque chose qui n'existait pas, que je crée mon monde, je crée une petite magie. Adjiwanou Howandé, fondatrice de la marque Howandé Création   Le Graal, c'est quand j’arrive à transmettre cette magie aux personnes qui ne sont pas forcément "fashion addict", et qu’elles se sentent heureuses de porter une pièce créée de mes mains. C'est vraiment génial ! Adjiwanou Howandé est une styliste togolaise basée à Abidjan. Née à Lomé, elle voulait être généticienne et a commencé à suivre des études en sciences. Lors des semaines culturelles de sa faculté, elle découvre le monde de la mode, devenue une véritable passion. Elle raconte : « Avant même de découvrir ce milieu, j'avais une frustration en tant que cliente dans les ateliers de couture. Les délais n'étaient pas respectés, mes désirs n'étaient pas respectés. Cela a été un déclic, à ce moment-là, autour de moi, il y a énormément de personnes qui avaient cette même frustration, je me suis dit que cela serait une belle porte à ouvrir. C'est de là que tout est parti. » Après avoir décidé de se reconvertir, Adjiwanou Howandé intègre une école de mode à Lomé, où elle se forme en modélisme et stylisme pendant deux ans avant de lancer sa marque en 2012. Cette créatrice indépendante a une organisation flexible mais efficace. Elle travaille principalement seule depuis ses débuts, privilégiant la création à domicile pour concilier vie de famille et passion. « J'ai démarré modestement, je travaillais beaucoup à la maison. Je suis une maman poule avec mes enfants. Jusqu’à maintenant, je fonctionne comme cela. Je travaille seule, mais quand il y a beaucoup de charge de travail, je prends ponctuellement des ouvriers. Quand il s'agit d'un défilé de mode, je commence par la musique et ensuite le choix des matières. Maintenant, quand il s'agit de commandes personnelles, je commence par discuter avec le client et à faire un croquis pour avoir une idée de sa demande et ensuite par rapport au thème de son événement, je lui fais des propositions parce qu'il s'agit aussi de prodiguer des conseils aux personnes qui ne sont pas du milieu pour mieux les guider », explique-t-elle. La créatrice de mode togolaise voit la mode comme un moyen d’évasion et de transmission de ses valeurs, à l’instar de sa collection : la danse des étoiles. « De l'élégance, du glamour, de la sophistication, de la légèreté, la collection raconte tout cela. Elle raconte qu'une femme peut être libre et élégante dans le monde que nous avons aujourd'hui. Elle raconte qu'une femme peut être tout ce qu'elle veut. Il y a des modèles assez séduisants, mais je ne pense pas vulgaires, sensuels, on va dire. Malheureusement, on parle encore et encore du combat des femmes. Cela n'en finit pas parce qu'on n'arrive pas à en voir le bout, donc on va continuer à en parler. Et j'ai envie de dire qu'une femme a le droit d'être ce qu'elle veut vraiment, d'être libre et de vivre et de se découvrir. C'est vraiment cela le message pour les femmes. Apprenez à vous connaître, découvrez-vous, bien sûr dans certains milieux professionnels par exemple, il faut faire des efforts, il y a des codes à respecter. Bien évidemment, quand on est en société, on respecte les autres. À part cela, découvrez-vous et habillez-vous comme vous le sentez », conseille-t-elle. L’inspiration d’Adjiwanou Howandé provient de sources diverses : la rue, avec ses styles urbains et ses expressions culturelles, ainsi que la nature. Elle utilise aussi des techniques qu’elle a apprises lors de sa formation, telles que le travail de la dentelle, devenue une signature dans ses créations. Elle précise : « Souvent, j’utilise de la dentelle qui est brodée. C'est une broderie qui est populaire, mais j’arrive à agencer plusieurs broderies ou à refaire les dessins de sorte à avoir un modèle personnalisé. Cela demande beaucoup de temps et de patience, mais le résultat est toujours unique et moi, j'adore ! Il faut déjà découper et puis réagencer sur le tissu choisi, de sorte parfois à montrer la peau subtilement à des endroits qu'on a choisis. » Dans son parcours, Adjiwanou Howandé a dû faire face à des difficultés. Les réticences de ses proches face à ses choix professionnels, les réticences sociales liées à la reconnaissance d’un métier peu valorisé. « Dans ma famille d'abord, mes parents n'étaient pas d'accord. Mon métier ici, on ne dit pas designer, styliste, on dit couturière d'une manière très péjorative. Cela avait l'air réservé pour les personnes qui ne pouvaient pas ou qui n'avaient pas envie d'aller à l'école, de faire des études. Cela a entraîné des réticences de la part de la famille, des parents, beaucoup d'amis qui m'ont dit : "Mais tu ne veux faire que cela, tu n'as pas d'ambition." Le fait d'avoir une famille, d'être maman aussi, parce qu'il n'y a pas d'heure, il faut pouvoir être prêt à bouger à tout moment. Mais quand on a la passion, on essaie de trouver des solutions et avec un peu de chance, on trouve des personnes sur notre route qui nous soutiennent beaucoup. Il y avait les pressions sociales, j'en étais consciente, mais je n'étais pas atteinte. Cela ne m'a jamais dérangé. J'ai toujours suivi mon propre chemin. J'avais mes propres limites à dépasser et ce n'était pas celles-là. J'avais d'autres combats à mener », affirme-t-elle. Plus que des vêtements, Adjiwanou Howandé véhicule des valeurs fortes à travers son travail. Pour la créatrice togolaise, la mode est plus qu’un métier : c’est une forme d’évasion et d’expression personnelle. Elle voit ses créations comme un moyen de transmettre des messages, qu’ils soient culturels, sociaux ou personnels mais toujours avec de l’élégance, du glamour et de la légèreté. Elle ajoute : « Je suis une personne de nature introvertie, mais j'aime aujourd'hui quand je vois les réactions face à mes créations sans que j’aie à parler à tout le monde. Qu'on me dise "c'est chic, c'est bien, c'est élégant". Des gens arrivent à capter à travers mes créations les choses que j'aime, comment j'aime me sentir, ce que je veux transmettre. J'arrive à atteindre mon objectif. Si je peux passer mon message sans avoir à ouvrir la bouche, juste en montrant mes robes, c'est que je commence à faire du bon travail. J'aurais tellement, tellement de messages. Mais le plus important : n'abandonnez pas vos rêves, n'abandonnez pas vos principes pour rien, pour personne. »       Abonnez-vous à « 100% création »  « 100% création » est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté  Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI 
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  • L’art de la plume sans limites par Fanny Litzia, artiste et plumassière
    Fanny Litzia est plumassière, un métier d’art ancien et méconnu, qu’elle pratique avec passion. Elle travaille principalement sur des tableaux de grands formats et propose des créations sur mesure, notamment dans la décoration et l’art contemporain. Cette artiste a su écouter son cœur, suivre ses passions, et transformer ses rêves en réalité. Innovation, poésie et technique, Fanny Litzia dans son parcours navigue entre ses racines et ses passions, afin d’explorer la matière plume sans limites. En premier, la connaissance des plumes. Dans tous mes tableaux, je peux vous dire du premier coup d'œil à quel oiseau correspond quelle plume. Fanny Litzia, artiste et plumassière. Ensuite, il y a des techniques de montage, par exemple pour faire tout le côté très floral, très végétal, où on oublie la matière plume, il y a une manière de travailler la plume. Il y a des termes techniques, on peut parer, frimater, faire des plumetis, friser, coller. Ce sont des techniques que j'utilise au quotidien dans mon atelier. Née en région parisienne, Fanny Litzia, a grandi dans un environnement où l’engagement social et l’aide aux autres étaient au cœur de sa vie professionnelle. Éducatrice de jeunes enfants, elle a consacré de nombreuses années à accompagner des jeunes, des mamans migrantes, des personnes en difficulté. Parallèlement à sa vie professionnelle, elle est percussionniste et danseuse de samba. Passionnée par le Brésil et sa culture, c’est lors d’un voyage à Rio que tout a changé. « J'ai beaucoup voyagé au Brésil, j'ai vécu à Rio et j'ai défilé au carnaval. Je suis partie pendant six mois. J'ai démissionné pour aller vivre cette aventure. Le carnaval, je ne sais pas si vous l'avez déjà fait, mais c'est magique à Rio. Vous avez des plumes par centaines, par milliers. Ça brille, il y a des couleurs, c'est fou, absolument fou. J'ai complètement eu un coup de foudre sur les plumes. J'ai commencé à faire mes propres costumes de samba. C'est là que j'ai connu la plume, évidemment, les strass, j'ai brodé, j'ai fait des costumes de samba entièrement, pour moi, pour d'autres personnes. C'est comme cela qu'est venu l'amour de la plume », raconte Fanny Litzia. En 2022, elle décide de se reconvertir dans la plumasserie. Elle suit donc une formation spécialisée, apprend à connaître chaque plume, à maîtriser les techniques de montage, de coloration, de création : « En autodidacte, j'avais déjà certaines bases parce qu'il faut une certaine dextérité. Dans la vie, je ne suis ni soigneuse, ni patiente, mais avec la plume, je suis soigneuse et patiente. J'avais déjà cette dextérité parce que j'ai toujours fait des choses de mes mains, à côté de ma vie professionnelle. Mais malgré tout, les techniques de plumasserie, ce sont des choses qu'il faut apprendre. Donc, je me suis formée en formation adulte avec le Greta au lycée Octave Feuillet à Paris, c'est le lycée des accessoires de la mode où on peut apprendre la plumasserie, la fleur artificielle, la broderie, etc. » La maîtrise des techniques de montage, la connaissance des plumes, et la recherche constante de nouvelles formes artistiques permettent à Fanny Litzia de transmettre une dimension émotionnelle et poétique à ses œuvres. « J'ai un carnet où je note les idées, ce qui ne signifie pas que je vais tout de suite les faire, mais régulièrement, je le re-regarde. Mon meilleur moment, c'est soit celui où je m'endors, soit celui où je fais des insomnies. Dans ces cas-là, la machine se met en route et je pense à des trucs, ce sont des flashs. Je note et après, je retravaille dessus au fur et à mesure. Mon cerveau, il fonctionne beaucoup. Au début, je regardais ce que faisaient les autres plumassiers, je ne le fais quasiment plus. Pour une raison très simple, la limite est très ténue entre s'inspirer et copier. Il faut l'intégrer, le digérer et se l'approprier. Ce n'est pas aussi simple que cela. Je vais donc regarder d'autres choses qui n'ont rien à voir avec la plumasserie à partir desquelles je vais m'inspirer. Moi, ce sont les graphismes et les couleurs. Et je suis toujours très fière quand quelqu'un m'achète une création parce qu’ils les achètent pas par besoin, mais parce qu'ils ont une émotion », explique Fanny Litzia. Derrière la créativité, Fanny Litzia doit aussi faire face à la réglementation, notamment la Convention de Washington, qui protège les espèces animales. Elle privilégie donc des plumes issues d’espèces non menacées, teintes avec soin pour respecter l’environnement, précise-t-elle : « Pour l'achat des plumes, on doit respecter impérativement la convention de Washington créée en 1973 et régulièrement mise à jour. Elle répertorie les espèces animales et végétales qui sont protégées à travers le monde, évidemment, les oiseaux en font partie. La plumasserie, malheureusement, a fait beaucoup de mal aux oiseaux exotiques. Avant, ce n'était pas protégé, donc on importait, tuait, ce n'était pas un problème. Il y a des espèces qui ont été soit éteintes, soit quasiment en voie d'extinction. Aujourd'hui, c'est extrêmement réglementé. Il y a trois annexes. Si c'est cité dans la première ou la deuxième, nous n'avons pas le droit de l'utiliser. Même si je voyage au Costa Rica où il y a des oiseaux incroyables et que je trouve des plumes ou un oiseau mort, je ne peux pas récupérer ces plumes, je n'ai pas le droit ! » « Je ne travaille qu'avec des espèces qui sont en annexe trois, qui sont, pour des raisons culturelles protégées, mais qui ne sont pas du tout en voie de disparition. Et j'ai un panel déjà suffisamment large. Souvent, les gens, quand ils voient mes créations, ils disent "mais tout ça, c'est sur des oiseaux, mais sur quel oiseau ? C'est dingue, je n’ai jamais vu". Je fais avec ce panel pour les oiseaux de couleur naturelle. Après, il y a des plumes d'oie et des plumes de dinde, celles-ci, je peux les teindre. J'ai donc quasiment des couleurs à l'infini en fonction de la teinture que je souhaite leur donner », poursuit-elle. Fanny Litzia aime voir ses œuvres susciter des émotions. Ses tableaux sont vivants, changeant selon la lumière, la couleur, le mouvement. Ses œuvres poétiques reflètent sa propre énergie. « Mon univers n'appartient qu'à moi. Il n'appartient à personne d'autre. Et s'il y a des personnes qui cherchent à me copier, peu importe, qu'elles le fassent. Moi, j'aurai toujours des nouvelles idées, affirme-t-elle. Parce qu'au fond, la plumasserie, c'est un métier de niche, il y a d'autres personnes qui sont très talentueuses et qui travaillent la plume. Mais mon univers, mon histoire et mes racines, et d'où cela vient, personne ne l'a ».  Abonnez-vous à « 100 % création » « 100 % création » est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté.   Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI
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  • Eliette Lesuperbe, une mode à l’identité forte qui rayonne dans le monde
    Eliette Lesuperbe est une créatrice de mode passionnée dont le parcours exceptionnel témoigne d'un engagement profond envers l'art, la culture et la transmission. Elle est née en Guadeloupe, mais elle fait rayonner son talent à travers le monde, tout en restant fidèle à ses racines. La passion, la rigueur et le partage ont transcendé les frontières pour cette créatrice de mode qui, à travers ses collections, porte haut les couleurs de ses racines et de sa culture, à l’instar de son défilé lors de l’édition France du Yas FIMO228, organisé par Jacques Logoh, à Paris, samedi dernier. La mode nous permet d'extérioriser des choses et de faire que cela soit beau. Quand nous avons eu mal, cela nous permet de dire j'ai eu mal, mais je peux créer de belles choses, que cela soit quelque chose de posé pour se sentir bien. Eliette Lesuperbe, créatrice de mode de la marque éponyme « Eliette, c'est mon prénom, Lesuperbe, c'est mon nom. Tout le monde me dit que c'est un nom prédestiné, donc la marque, c'est cela. Pour symboliser la marque, j'ai gardé le E d'Eliette, le L de Lesuperbe et le logo, c'est la forme du corps de la femme et le chas de l'aiguille au bout », explique la créatrice. Née à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, Eliette Lesuperbe a toujours été attirée par l’art et la mode. Dès son jeune âge, elle rêve de créer, d’inventer. Son parcours commence dans un lycée professionnel local, où elle obtient un CAP, puis un BEP en industrie de l’habillement. À 17 ans, elle arrive à Paris pour poursuivre ses études, intègre une école privée de mode, suit une formation de costumière. Avide de découvrir les coulisses de la création, elle fréquente les salons de mode professionnels, tout en travaillant chez Bernard Perris, créateur de mode avant-gardiste. Son talent la mène de Paris à la Jamaïque, mais en 1994, elle rentre en Guadeloupe, et commence modestement. « Il y avait le garage qui était libre et qui avait un accès vers l'extérieur, donc j'ai aménagé. J'ai une petite clientèle, je revenais à Paris de temps en temps et puis quelque temps après, j'ai été repérée grâce à mes vêtements et la Caraïbe a voulu que je vienne, la Jamaïque m'a invitée, raconte Eliette Lesuperbe, J'œuvre avec l'Institut Franco Caraïbes, avec l'ambassade qui m'invite à chaque fois. J'ai eu un Award de leur part. C'est comme cela que les choses se sont enclenchées. Tout en gardant mon identité, ma culture, mon travail parce que ce que j'ai appris à Paris, c'est vraiment ce que j'aime. J'aime l'histoire de l'art, j'aime les tableaux. » Dakar, Montréal, Paris, New York, Eliette Lesuperbe participe aux fashion weeks, reçoit des prix, et collabore avec des artistes. « J'ai fait une collaboration avec un peintre qui s'appelle Antoine Nabajoth, qui est très connu chez nous. Je mélange la peinture et le textile. Un jour, Antoine m'a offert une grande toile. Et quelque temps après, je lui présente un bustier avec cette toile. Cela a été une collaboration artistique. Et autour des bijoux aussi, de temps en temps, quand on arrive à rentrer dans le même monde et que cela se correspond, on arrive à faire des collaborations. J'en fais avec des artistes parce que cela ouvre l'esprit, donne une autre dimension. La mode ne s'arrête pas qu'au textile. Moi, j'utilise pratiquement tout, cela m'inspire », affirme Eliette. Les expériences et rencontres d’Eliette Lesuperbe en Jamaïque, en Afrique ou à Cuba enrichissent sa vision créative. Elle lance sa marque éponyme en 2012, mais elle a plus de 30 ans d’expérience dans le monde de la mode. Son identité artistique, mêlant culture antillaise et savoir-faire français, fait d’elle une figure incontournable au style reconnaissable : « La mode, ce n’est pas simplement la mode. Je suis designer, je fais passer des messages, je soutiens à travers ma marque. Je mets ma culture, mais je mets aussi la qualité du travail, ce que j'ai appris parce que j'aime les matières, j'aime la dentelle, les matières vraiment nobles. À travers mon travail, les gens disent que quand on regarde une pièce, on sait que c'est du Eliette Lesuperbe. Cela veut dire que j'ai une manière de penser, de couper, ils disent "tu as un bon coup de ciseau, tu as des mains en or", ils voient la différence de la manière de penser, la manière dont je vais emboîter, la manière que je vais poser ma pince, de la manière dont je vais rebroder un textile. C'est ma vision, c’est la coupe, mais la créativité aussi. Il y a toujours un petit truc qu'on va retrouver qui m’est propre. » La créatrice guadeloupéenne voit la mode comme un moyen d’émancipation, de confiance en soi et de liberté : « Quand je crée, je peux aller là où normalement, on ne va pas. J’utilise beaucoup de choses. L'imagination est très fertile, je peux me permettre beaucoup de choses. Je crois aussi que dans certains pays, la mode, cela devient une arme. C'est une façon de s'exprimer, c'est une façon de faire passer des choses et des fois, nous n’en sommes pas conscients. Je suis allée dans un pays et les designers ne pouvaient pas tout faire. Tout art nous permet d'avoir une liberté. On ne peut pas nous brider. On va essayer de nous cadenasser, mais c'est une manière de voir aussi le corps de la femme. C'est une manière aussi de soutenir, de dire à l'autre même si tu es comme ça, mais moi je peux t'habiller. On redonne confiance. Je pense que la mode, c'est un vecteur de beaucoup de choses. Simplement, il faut savoir l'utiliser à bon escient et correctement pour avoir une vision très large. » Eliette Lesuperbe a toujours transmis. Depuis ses débuts, elle partage son savoir avec les jeunes créateurs, en étant une figure de mentorat. L’échange et la transmission nourrissent sa créativité : « Garder pour soi des choses ne nous nourrit pas. Nous sommes là aussi pour la transmission, pour laisser des traces. Il n'est pas permis à tout le monde de le faire, tout le monde n'a pas envie de le faire. Mais être égoïste, ce n'est pas bon. Si, par exemple, les jeunes me posent des questions, je suis en droit de répondre parce que j'ai choisi d'être artiste, d'être créatrice, d'être dans la mode. La mode, il faut aussi qu'il y ait d'autres personnes derrière. On n'est pas éternel, non plus. Après, je suis comme tous les créateurs, tous les couturiers. Il y a des choses très personnelles parce que c'est un travail, avec une base, mais après, on a une marque, des techniques propres à chacun. Les jeunes, quand ils sont face à moi, ils sont toujours très étonnés. Ils posent plein de questions, ils sont émerveillés parce que chez nous, je crois que sans prétention, je suis la seule à avoir choisi d'être basée en Guadeloupe et aussi à Paris par transmission. Mais il n'est pas facile d'être aux Antilles et d'être sur d'autres podiums, cela demande beaucoup et quelquefois, ils me posent beaucoup de questions : « Comment ce processus se met en place quand on veut être à l'extérieur ? Je leur explique qu’il faut déjà aimer le travail, être passionné. Ce n’est pas facile ! Tout le monde peut prétendre être styliste, créateur, mais pour sortir du lot, il faut donner un peu de soi. Ce n’est pas facile. » Abonnez-vous à « 100% création » « 100% création » est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS. Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI
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  • Artculture, la fonderie d’art de Noufou Sissao et Moussa Ouattara
    Pendant la 42e édition des Journées européennes du patrimoine, des lieux magiques, dont certains sont habituellement fermés, ouvrent leurs portes. L’atelier Fonderie ArtCulture de Noufou Sissao et Moussa Ouattara participe à cet évènement. Cette mise en lumière sur l’activité de fonderie d’art à la cire perdue permet à Noufou Sissao, artiste sculpteur-fondeur reconnu, de faire connaitre ses méthodes ancestrales et les technologies modernes qu’il utilise pour réaliser des œuvres d’art. Noufou Sissao est un autodidacte qui a baigné dans les connexions interculturelles. Toutes ses expériences ont enrichi son parcours artistique. Nous sommes allés à sa rencontre dans son atelier en région parisienne.   La création, c'est une continuité. Les créations de mes premières sculptures, quand j'avais 17-18 ans, quand je les regarde aujourd'hui, par rapport à ce que je fais, c'est une continuité de la vie. Pour Noufou Sissao, sculpteur fondeur et co-fondateur de la Fonderie ArtCulture, « la culture n'a pas de frontière ». Il est né au Burkina Faso. Très jeune, il a commencé sa carrière dans le théâtre et le cinéma en tant que décorateur. « Entre huit et douze ans, j'étais dans mon village de naissance. Moi, j'aimais la sculpture. Mon rapport de l'enfance était avec le feu. Je voyais le feu, mais je n'avais pas le droit d'exercer ce métier de forgeron de par mon ethnie, dans le village. J'étais dans le quartier des nobles et les nobles n'avaient pas le droit d’être forgeron. Je n'ai pas eu la chance de faire ce métier. J'ai arrêté l'école en classe de troisième et je me suis dirigé dans le cinéma, parce que mon grand-oncle était un acteur fétiche de Peter Brook, le cinéaste, mon grand-oncle Sotigui Kouyaté, très connu dans le monde du cinéma et du théâtre européen et africain, vivait en Europe. Grâce à lui, je suis rentré dans le théâtre. Quand j'ai arrêté le théâtre, il fallait choisir quelque chose qui me plaisait. Le fait d'avoir été interdit dans ce métier m’a conduit à demander, par le biais de mes connaissances, à continuer dans ce métier du feu et je ne voulais pas faire de la forge, forcément. J'ai choisi la sculpture parce que le travail de sculpteur et le travail sur les décors étaient beaucoup plus propices à faire la sculpture. » Il découvre sa passion pour la sculpture et la fonderie au cours de son enfance avec un attachement particulier pour la technique de la cire perdue. « La cire, cela me renvoie à l'enfance. Cette matière qui a un rapport avec le feu. Quand je rentre dans l'atelier, l'odeur de la cire, c'est l'envie d'avoir le rapport avec une matière, avec le feu. C'est cela qui me plaît beaucoup. À chaque fois qu'il y a une nouvelle naissance d'une œuvre, je pense à la cire. C'est une matière dont je ne peux pas m'en passer. C'est pour cela que nous disons "fonte à la cire perdue". Sans la cire, nous ne pouvons rien faire. » Après avoir enseigné le modelage à Paris Atelier et œuvré dans ce secteur, notamment de nombreuses années à la Fonderie Clémenti, Noufou Sissao crée donc en 2017 avec Moussa Ouattara la Fonderie ArtCulture. « Lorsque je suis arrivé, je faisais la navette entre l'Afrique et la France. Puis, je me suis installé en 2007 en France en tant que fondeur d'art. À ce moment-là, j’ai découvert que le métier de sculpteur n’était pas celui de fondeur. Cela m’a sidéré. Pour moi, le sculpteur, il fond, il crée tout. » « Après mon installation, je me suis rendu au Musée du quai Branly afin de découvrir l'art africain que je n'avais jamais vu. C'est un moment qui est resté dans ma mémoire. J'ai été impressionné, et cela m’a encore plus motivé à suivre mon chemin artistique et à être au service des artistes par le biais de la fonderie. » Le processus de création d'œuvres d'art en bronze et les techniques de fonderie, notamment à la cire perdue, illustrent un savoir-faire technique et artisanal en plusieurs étapes. « Un : le moule silicone ; deux : la cire ; trois : le moule de potée ; quatre : la fusion du métal pour couler dans la pièce ; cinq : la ciselure de l'œuvre complète et enfin six : la patine. C’est plusieurs personnes qui travaillent sur une pièce par rapport à la technique ancestrale africaine, où c'est une seule personne qui fait tout le procédé. Ici, nous sommes polyvalents. Joël va faire le moulage, Didier et Pascal, eux, font la ciselure, Karim et Abou le moulage, moule de potée. Moussa lui fait essentiellement la cire. Moi, ma partie essentielle dans la fonderie, c'est la patine, plus précisément la finition de la patine sur l'œuvre. Enfin, tout le monde se rejoint pour la coulée. » Que ce soit pour des projets personnels ou pour répondre à des commandes, la réflexion sur la création artistique, la recherche de l'expression personnelle sont les défis auxquels se confrontent Noufou Sissao et son équipe. Afin de promouvoir et soutenir la création artistique, il propose des solutions sur mesure. Il met à la disposition des artistes son savoir-faire et son expertise à chaque étape de la création. « Pour l’entreprise, décrit-il, on est au service des artistes. Les artistes nous apportent leurs projets, avec leurs modèles. Nous, on regarde ce modèle, on estime le temps de travail et la prestation qu'il faut pour l'œuvre. Une fois que nous sommes tous en accord, on entame la technique de procédure de la fonderie d'art. Pendant les Jeux olympiques, nous avons rénové, place de la Concorde, douze bronzes à patiner sur place. Cela a été une de nos plus grandes réalisations. Pendant un mois et demi, avec nos chalumeaux, nous avons patiné les bronzes afin qu’ils soient parfaits pour cette période. On travaille également pour des mairies : pour la ville de Dourdan, on a réalisé le buste de De Gaulle qui se situe dans la mairie de cette dernière. D’un autre côté, lorsque l’on travaille pour un artiste contemporain dont la création n'a rien à voir avec les sculptures du passé, cela nous permet de donner de l'avenir à notre métier (notamment avec les tirages imprimante 3D). Aujourd'hui, on travaille, on collabore avec des entreprises qui nous apportent des modèles à partir des tirages imprimante 3D. On travaille également pour des designers, pour l'immobilier et pour certaines boutiques parisiennes. » L'amour du travail, du feu, de la cire et du bronze symbolisent le parcours de Noufou Sissao et sa connexion à l'art.« C'est très difficile d’alterner entre la gestion de la vie de l'entreprise et la création. J'ai du mal à me concentrer. Pour moi, les plus beaux moments de ma créativité ont été les moments où j'avais une liberté totale de faire à 2 ou 3 heures du matin une œuvre. Celles créées durant ces moments-là ont vraiment donné de beaux résultats. Maintenant, avec la vie de l'entreprise, je me donne d'autres moments pour cela. Plus tard, je pourrai m'investir dans la vision de différents projets, les faire naître. Ce qui est le plus important, c'est de garder le métier avant de penser à soi-même pour le moment. » ► Abonnez-vous à 100% création 100% création est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts :  Pure radio | Apple Podcast | Castbox | Deezer | Google Podcast | Podcast Addict | Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création | ​​​​​​​Facebook 100% Création-RFI
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  • Sur le fil de la tôle, Didier Ahadji, artiste soudeur et sculpteur togolais
    Didier Ahadji est un artiste togolais, sculpteur de métal. Il fait naître des sculptures à partir de tôles de voitures anciennes récupérées. Une démonstration saisissante d’économie circulaire, de maîtrise du métal et d’imagination. Cet artiste soudeur démontre que l’art peut naître du quotidien et du réemploi. Ses sculptures nous invitent à regarder autour de nous et à être attentifs aux interactions humaines comme autant de sujets universels. Nous avons rencontré Didier Ahadji dans son atelier à Lomé, au Togo, où il vit et travaille, poursuivant son engagement artistique empreint de sincérité, de poésie et de sensibilité sociale.    « Quand je rêve la nuit, je crée des choses, grâce à mon imagination. Je me lève pour dessiner, pour écrire quelque chose. Ensuite, le matin lorsque je viens au travail, je vais commencer la création. »  Didier Ahadji artiste soudeur togolais, sculpteur de métal.  « Un jour, j’ai espéré que les gens s’intéressent à ce que je faisais. » Dès son enfance, Didier Ahadji fabrique des jouets en fer pour lui et ses amis.   « Durant mon enfance, c'est tout le temps ce que j'étais en train de faire. J’ai commencé avec des boîtes de conserves de tomate, de sardines. C'est dans mon sang, j’ai toujours aimé cela », raconte-t-il. Durant son adolescence, Didier Ahadji vend ses premières sculptures au grand marché de sa ville natale, Vogan. Jeune adulte, il travaille d’abord comme apprenti puis comme carrossier soudeur à Lomé. Après sa journée de travail, il s’installe dans la rue afin de vendre ses créations aux passants, essentiellement des touristes. C’est là que tout a commencé.  « Avant, j’exposais au bord de la route. Quand les gens passaient, ils regardaient. Il y a notamment un Européen qui passait souvent et qui était très intéressé. Il m’a énormément aidé. D’origine allemande, il expose à travers tout son pays. Après cela, j’ai longtemps travaillé avec Monsieur Ogawa. Lui aussi, il expose dans son pays natal, la Chine. Et enfin, monsieur Jean-Yves Augel a également collaboré avec moi, longuement. C'est pourquoi on m’a reconnu à travers le monde entier », explique-t-il. Cet artiste soudeur décide en 1994, à 24 ans, de se consacrer pleinement à la sculpture en utilisant principalement des matériaux recyclés tels que des bidons en tôle et des pièces de voiture. Découpe, soudure et peinture donnent naissance à des sculptures hyperréalistes mêlées de poésie et d’humour souvent inspirées de la vie quotidienne. La tôle de voitures anciennes est une matière première à la fois humble et précieuse. Ce matériel exige aussi une vraie maîtrise technique du métal pour devenir une scène, un décor, une histoire. « Ce qui se passe, c'est cela que je regarde lorsque je marche sur la route. Je regarde partout et notamment au marché. De même, lorsque je commence mon travail, j’imagine et je regarde. Avant, il y avait beaucoup de tôle, ce qui n’est plus le cas maintenant. Aujourd’hui, il est très difficile d’en trouver. Néanmoins, je me promène toujours pour en chercher. Je finirai par en trouver », explique-t-il. À travers les noms évocateurs de ses œuvres comme Déménagement à vélo, Revendeuse de pagnes ou encore Transport scolaire, Didier Ahadji porte un regard plein d’esprit et de sensibilité sur la condition humaine et les enjeux sociaux : « Les gens s’intéressent beaucoup aux choses qui se passent dans la vie quotidienne. Néanmoins, si le client vient avec sa propre idée, son rêve qu’il m’explique clairement, je peux aussi le faire. En coopérant avec lui, je lui fais le dessin au crayon ». Le processus de fabrication des œuvres de Didier Ahadji est rigoureux et pensé en plusieurs étapes. D’abord la découpe, ensuite la pose de mastic, puis le ponçage et l’application d’une peinture acrylique, et enfin le décor avec des motifs rappelant les vêtements des personnes représentées. Tout cela demande patience et précision, la sculpture n’est pas instantanée, elle est bâtie pas à pas. « Le processus de création entier d’une sculpture va prendre trois ou quatre semaines. On commence par faire le mastic, puis le ponçage, la peinture intérieure, la teinte, et enfin on va décorer la chemise ou bien le pantalon », confie-t-il. En parallèle de ses créations, Didier Ahadji n’a jamais cessé d’effectuer des travaux de carrosserie. Il a ainsi formé de nombreux apprentis. Toutefois, même si la diffusion du savoir demeure un enjeu et un défi, ses créations artistiques sont, selon Didier Ahadji, un don qu’il ne peut transmettre. « J’ai eu beaucoup d'apprentis, plus de 30 personnes. La plupart sont partis. Pour les sculptures, il a été difficile de léguer mes connaissances. Lorsque tu n'as pas de sagesse, de patience, que tu es avide d’argent, tu ne peux pas faire ce travail. C'est pourquoi cela s’est avéré très compliqué pour beaucoup d’apprentis et je n’ai pas voulu forcer. Seulement le travail de voiture a pu être transmis, j’ai un apprenti pour ce domaine », raconte-t-il. 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